L’ALSACE DU 07/04/2017 : Olga Trach : la grande fille de l’Est

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Un sport, une ville, un territoire

L'ALSACE DU 07/04/2017 : Olga Trach : la grande fille de l’Est

Originaire de Dnipro (ex-Dnipropetrovsk) dans l’Est de l’Ukraine, Olga Trach est l’unique ambassadrice de l’ex-empire soviétique au sein de l’ASPTT Mulhouse. Son charme et sa rigueur sont précieux aux Mulhousiennes qui entament les play-offs, demain à 20 h, au Palais des sports.

Olga Trach (28 ans) incarne la gentillesse et la douceur féminine dans toute sa splendeur. Mais derrière cette apparence se cache une grande compétitrice qui a été à bonne école. Celle de l’Est dont la rigueur est la marque de fabrique.

Le compartiment des contreuses centrales est particulièrement bien fourni à l’ASPTT Mulhouse avec les ex-internationales belge, roumaine et ukrainienne. Et par rapport au vécu des Angie Bland et Alina Albu, Olga Trach n’a pas forcément les meilleurs arguments. Mais force est de constater qu’elle reste une valeur stable avec un temps de jeu conséquent et des stats appréciables qui lui permettent de figurer dans le top 12 des meilleures centrales du championnat.

« Pour les filles de l’Est, la rigueur est un réflexe indispensable »

« Pour commencer, cette saison a été difficile pour Angie – Bland – qui s’est blessée au dos. Or, il faut du temps pour soigner le dos, relativise Olga Trach. Jusque-là, il n’y avait pas de concurrence. Après, je suis quelqu’un qui aime bien travailler. Et, pour ça, je suis gâtée à Mulhouse avec des entraînements très intenses et un coach, Magali Magail, qui est très exigeante. Pour les filles de l’Est, la rigueur est un réflexe indispensable dans la vie de tous les jours. Chez nous, si tu veux quelque chose, si tu veux réussir, si tu veux arriver quelque part, tu dois le mériter et travailler pour ça ! »

Avec une bonne tête de plus que les autres adolescentes de son école de Dnipro, Olga Trach (1,88 m) n’a pas choisi son sport. Elle a été « désignée volontaire » pour monter au filet. Pour l’Akademia locale, et le plus illustre club de Severodontchanka, qui l’a accueillie plus tard (de 2007 à 2011), il s’agissait d’une bonne pioche. « On ne peut pas comparer les conditions de vie entre la France et l’Ukraine, avoue Olga Trach. C’est forcément plus compliqué à l’Est. Les salles de sport ne sont pas aussi vastes et accueillantes comme ici. Il y a peu de ballons et on fait avec… J’ai été sidérée, à l’occasion des Mercredis du Volley, par les conditions offertes aux enfants pour évoluer. Et, j’espère qu’un jour ce sera pareil en Ukraine ». Même si Olga voudrait bien pouvoir s’installer en France, son pays, où la guerre sévit toujours, habite ses pensées au quotidien.

« La dernière fois que j’ai été en Ukraine, j’ai vu les tanks »

« C’est difficile de faire l’impasse sur cette situation, confie Olga. Ma famille habite à 200 kilomètres de Donetsk qui est au cœur du conflit. La dernière fois que je suis allée en vacances en Ukraine, j’ai vu les tanks, les armes… Ce sont des images qu’on n’efface pas ». Fort heureusement pour cette dernière, l’élu de son cœur, Denys, a quitté le pays et l’a rejoint depuis peu à Mulhouse. « C’est très important pour moi, poursuit la Mulhousienne d’adoption. Il m’apporte une forme d’équilibre. Dans un championnat aussi intense que le nôtre, il n’y a pas beaucoup de place pour les sorties. Alors le simple fait qu’il y ait quelqu’un à t’attendre en rentrant de l’entraînement, tu oublies la fatigue ».

Après avoir traîné ses genouillères aux quatre coins de l’Europe de Bakou (à l’Azeryol VK) à Mulhouse en passant par Piatra Neamt en Roumanie, l’Olympiakos en Grèce et Lodz en Pologne, Olga Trach se verrait bien poursuivre l’aventure en Alsace. « À choisir, je préférerais rester à Mulhouse , explique cette dernière. Je me sens bien ici. Je suis quelqu’un d’assez posée. Quand j’ai quitté un club, c’était à chaque fois pour relever un meilleur challenge. Ce sera difficile de trouver mieux ! » Surtout si l’ASPTT Mulhouse avait la bonne idée d’aller au bout des play-offs !

Article signé Christian Entz