L’ALSACE DU 21/02/2017 : Jaegy, de la serpillière au parquet

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Un sport, une ville, un territoire

L'ALSACE DU 21/02/2017 : Jaegy, de la serpillière au parquet

D’une semaine à l’autre, Manon Jaegy est passée du statut de modeste « serpillièreuse » à celui plus valorisant de joueuse de l’effectif professionnel de l’ASPTT Mulhouse, leader de la Ligue A féminine. Difficile de trouver meilleur début pour une histoire qui ne fait que commencer !

À 15 ans à peine, avec un gabarit (1,67 m) qui n’a rien d’exceptionnel pour réussir dans un sport de grandes, Manon Jaegy n’a pas le physique de l’emploi. Elle n’en demeure pas moins un authentique espoir de la discipline dans un rôle de libéro, où l’engagement permet de compenser l’absence de centimètres.

Titulaire à part entière de l’équipe réserve de l’ASPTT Mulhouse, qui évolue en Nationale 3, Manon Jaegy a profité de la place vacante au sein du groupe pro de l’ASPTTM pour compléter l’effectif des douze joueuses appelées à disputer la Ligue A féminine. Cette qualification n’a pas été simple à obtenir auprès des instances pour une joueuse qui n’a pas 16 ans et qui ne figure pas sur les listes de la filière fédérale. Mais Manon Jaegy a pour elle un solide argument : aucune des libéros de l’équipe de France féminine n’est issue de la filière fédérale de formation. « Ce qui peut paraître logique , explique Magali Magail. En club, les jeunes ont à faire face à des balles puissantes envoyées par des pros comme Daly Santana ou Bojana Markovic. C’est un tout autre impact par rapport à un service ou une attaque d’une gamine du même âge. Et depuis que Manon a intégré l’entraînement des pros, je la vois progresser tous les jours ! »

Ses progrès lui ont permis une transition pour le moins exceptionnelle. Préposée à la serpillière en Coupe face à Béziers, avec les filles du Pôle Espoir qui accompagnent les ramasseuses de balle pour essuyer les éventuelles marques de sueur sur le parquet, Manon Jaegy a fait ses débuts dans l’équipe pro lors du match suivant, face au même Béziers, mais en championnat.

« Il faut arrêter… Je suis encore personne ! »

« Je dois dire que c’est autrement plus valorisant, apprécie le jeune talent. J’ai d’autant plus de chance que le groupe est génial. À aucun moment, je n’ai été prise de haut. Au contraire, les filles m’ont tout de suite intégrée. On m’a dit ce que je devais crier avec elles avant le match : ‘’Vamos Vuevos !’’ Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais je le crie ! » Avec ses yeux d’ado émerveillée, Manon Jaegy découvre l’envers du décor. « Ce qui m’a fait le plus bizarre, c’est quand, après le match, une petite fille est venue me voir en me tendant son stylo et un bout de papier pour que je lui signe un autographe. C’était la première fois pour moi et je ne savais pas si je devais juste signer ou mettre un petit mot. Après, ce sont des parents qui sont venus avec leurs enfants… Là, je me suis dit : il faut arrêter… Je suis encore personne ! »

Fille de Cédric, un ancien footballeur stagiaire au centre de formation du FCM quand celui-ci évoluait encore Ligue 1, et de Manu, joueuse de badminton et pur produit d’une famille d’horticulteurs – les Ritter de Riedisheim et de Schlierbach -, Manon Jaegy fait aujourd’hui la fierté des siens. « J’avoue que ça fait quelque chose quand les copines du lycée me disent qu’elles sont contentes pour moi , confie Manon. Ce qui me touche le plus, c’est que ma famille soit fière de moi. Et ce que j’espère par-dessus tout, c’est qu’il ne s’agisse que du début d’une belle histoire. Avec ce que je vis là, je ne veux plus que ça s’arrête ! »

Entrée gratuite aux dames Les dirigeants postiers prennent de l’avance sur la Journée de la Femme du 8 mars. Les dames bénéficieront de l’entrée gratuite pour le match ASPTTM-Terville, samedi prochain à 20 h 30 au Palais des sports.

Article signé Christian Entz