L’ALSACE DU 30/04/2017 : Ils ont vibré avec les volleyeuses

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Un sport, une ville, un territoire

L'ALSACE DU 30/04/2017 : Ils ont vibré avec les volleyeuses

Ni la météo magnifique ni l’horaire inhabituel de 13 h 30 ne jouaient en faveur des volleyeuses de l’ASPTT Mulhouse et du RC Cannes qui se rencontraient, hier, au Palais des sports de Mulhouse, pour le match d’appui des demi-finales des play-off. Pourtant, plus de 3600 personnes ont assisté, dans la tension et le suspens, à la victoire des Mulhousiennes.

Ils étaient excités et impatients, hier, les bénévoles et les membres de l’ASPTT Mulhouse volley, à l’idée d’assister à un match décisif pour le club, mais aussi d’accueillir des spectateurs par milliers au Palais des sports de Mulhouse. Sur le parvis, d’abord, dès 11 h, pour le barbecue pour lequel étaient prévus 70 kg de saucisses, autant de frites, 250 croque-monsieur et 400 crêpes. Dans une file, Julia et Jean-Philippe, 25 ans, de Cernay. Amateurs de sports collectifs, ils suivent aussi bien le foot (à Strasbourg) que le handball, le hockey et le volley. Et question ambiance, ils l’assurent, il n’y a pas mieux que le volley. Une conviction qui revient souvent dans les conversations : en volley, Mulhouse serait le meilleur public de France. Même ce supporter cannois, qui habite à Wittenheim, le concède : « Les supporters cannois, c’est une catastrophe, on dirait des sidérurgistes de 1960 ! Pour autant, je ne voudrais pas que ça vire comme au foot… »

Une première voiture se gare dans l’allée. C’est Magali Magail, la coach de l’équipe mulhousienne, qui se fond dans la foule, sous les applaudissements. Les autres joueuses arrivent dans la même proximité avec le public. « Dans un autre sport, jamais les joueuses viennent comme ça et passent dans la foule. Au volley, on peut descendre sur le terrain discuter avec elles, c’est génial. Ici, on voit le président du club griller des saucisses, c’est une famille » , remarque un habitué du Palais des sports.

« Le septième homme »

Vers 12 h 30, le parvis se teinte sérieusement en rouge, la couleur du club, qui permettait aussi d’assister gratuitement au match. Pour être dans le ton, certains ont sorti leurs tenues de l’École de ski française (ESF), du Mulhouse olympic natation (Mon) et même des maillots des Scorpions de 2012 (maintenant ils sont bleus), l’équipe de hockey mulhousienne. C’était le cas d’Anne-Sophie, Yves, leur fille Julie et un ami, Dom. « La saison terminée, il y a plein de Mulhousiens du hockey qui viennent aussi au volley. Samedi dernier, dans la tribune, on se connaissait tous et il y avait une super-ambiance, donc on est revenu » , assure Yves. Les gradins commencent à se remplir sérieusement vers 13 h. Les volleyeuses, elles, sont déjà à l’échauffement. Mathieu, le chauffeur de salle, salue le public : « Bonjour le Palais des sports. Mesdames et Messieurs, vous allez être le septième homme ce soir pour cette demi-finale de la ligue féminine. Ici c’est… Ici c’est… Mulhouse ! » Pour les spectateurs, l’attente sert de répétition générale : on agite des affiches au son de telle chanson, on secoue son téléphone mobile de gauche à droite en mode flash et on chante : « Quand les Mulhousiennes se mettent à jouer, c’est toute la salle qui va s’enflammer. » « On va tester quelque chose de nouveau , annonce Mathieu au micro. Aux armeuuh, nous sommes les Mulhousiennes et nous allons gagner, allez Mulhouse, allez Mulhouse ! »

Il est 13 h 30, le Pfastattois Benjamin Toniutti, passeur et capitaine de l’équipe de France championne d’Europe, donne le coup d’envoi. Les volleyeuses mulhousiennes, en rouge et noir, ouvrent le score et prennent l’avantage sur les filles en bleu et blanc du RC Cannes. Au plus grand bonheur du public qui répond présent et couvre largement la quinzaine de supporters cannois et leur mégaphone. « On va montrer qu’on est le meilleur public de France » , crie Mathieu entre une distribution d’échantillons et de tee-shirts. À la fin du premier set, gagné 25-20 par les filles de l’ASPTT, les gens sont debout. « Ce soir, nous sommes 3617 spectateurs (contre 2670 en moyenne), ce qui veut dire que nous avons dépassé le cap des 50 000 personnes cette saison, ça n’a jamais été fait dans un championnat de ligue 1 féminine ! » , s’enthousiasme-t-il.

« Un grand bonheur »

Sur le terrain, les Mulhousiennes remportent le deuxième set 25-22 au terme de beaux échanges qui tiennent en haleine. Les Cannoises prennent l’avantage au début du troisième set, mais quand Mulhouse égalise 20-20, c’est la folie : applaudissements, chants et klaxons redoublent d’intensité. À chaque service, la tension monte d’un cran. Les joueuses de l’ASPTT reprennent la main 23-22 et à partir de cet instant, le suspense est à son comble puisque les deux équipes restent à un point d’écart jusqu’à la victoire des Mulhousiennes 29-27. Il est 15 h 07 et elles sont en finale. Elles sautent, pleurent, s’embrassent et remercient leur public. « En 1998, Mulhouse a accédé à sa première finale. Ça fait dix-neuf ans et on n’a jamais abandonné » , glisse Magali Magail au micro. Le terrain laisse place aux proches et aux supporters pour des photos, des autographes, des embrassades…

Dehors, Sylvia, secrétaire générale du club et supportrice de la première heure, est aussitôt réquisitionnée pour les saucisses, sourire aux lèvres. « C’est un grand bonheur. C’était fantastique, j’ai pas pu rester assise, mais je n’ai jamais eu peur, même au troisième set. Je savais qu’elles allaient gagner, je suis très fière d’elles » , observe-t-elle. À quelques pas, un groupe de retraités – des membres des clubs de Brunstatt et de Habsheim qui formaient le cordon de sécurité, « l’équivalent des stadiers au foot » – est ravi. Paroles de joueurs, c’était une rencontre « formidable, prenante, avec deux équipes de très bon niveau équivalent et un tel suspens dans le troisième set. Le volley est assurément un des sports les plus en pointe à Mulhouse » , concluent-ils.

 

Article signé Céline Bechler