L’ALSACE DU 03/02/2017 : ASPTT Mulhouse : il y avait la place pour passer

Publié le
Un sport, une ville, un territoire

L'ALSACE DU 03/02/2017 : ASPTT Mulhouse : il y avait la place pour passer

Le Palais des sports a vibré comme aux plus belles heures de gloire du sport mulhousien, mardi soir, à l’occasion des adieux de l’ASPTTM à la Coupe de France. L’élan de popularité dont jouissent les Mulhousiennes atténue leur déception, mais amplifie leurs légitimes regrets.

Les volleyeuses mulhousiennes peuvent se mordre les doigts et se bouffer le reste… Le fait de jouer leur qualification face à Béziers privé de l’internationale allemande Lena Mollers à la passe et de sa dernière recrue offensive, la Trinidadienne Channon Thompson, de surcroît à domicile dans un Palais tout acquis à sa cause, accordait un contexte exceptionnellement favorable à l’ASPTTM. Cela semblait même indécent, en pareilles circonstances, de s’en prendre à des Biterroises qui restaient sur un cruel échec à Saint-Raphaël (2-3), après avoir mené 2 sets à zéro et obtenu deux balles de match.

« Tactique anti-Haak »

Le premier set à sens unique (25-16), avec une formation mulhousienne survoltée, était d’ailleurs le reflet de ce qu’aurait dû être ce match. Sauf que la lucidité et la concentration affichées jusque-là dans les rangs locaux allaient s’effacer progressivement. On ne pourra pas reprocher aux coéquipières d’Alina Albu-Ilie d’avoir manqué de combativité. Elles se sont donné corps et âme dans un match qui a été un vrai combat face à une joueuse exceptionnelle, Isabelle Haak (17 ans, 1,95m), auteur de 34 points et très bien entourée.

Mais la réussite dans le haut niveau passe par une gestion parfaite des petits détails. Et c’est là que les Mulhousiennes ont laissé passer leur chance. « Nous avions mis en place une tactique anti-Haak, explique Magali Magail, le coach postier. On savait que le match allait reposer sur ses épaules. D’ailleurs, dans le premier set que nous gagnons, elle plante autant de points (9) que dans les sets suivants. La seule différence, c’est que dans le 1er set, nous avons réussi à neutraliser les autres attaquantes. »

« C’est nous qui perdons le match ! »

Il était 2 h du matin, une pluie fine, de circonstance pour cette triste nuit, tombait sur Mulhouse. Le Shamrock, où la bière et le doux breuvage ambré n’avaient pas suffi à noyer les regrets mulhousiens, déversait ses derniers clients. Sur le trottoir, le ventre vide et le cœur gros, Magali Magail refaisait le match pour la énième fois avec toujours le même constat. « C’est nous qui perdons le match ! »

Les 14 fautes directes, dont 9 au service, dans une 2e manche où l’ASPTTM a obtenu deux balles de set (24-23 et 25-24), figurent en tête de liste de ce qu’il ne fallait pas faire.

Un jour « sans »

En limitant le déchet dans les mêmes proportions que celui enregistré dans les trois autres manches (respectivement 4, 6 et 6 fautes directes), les Mulhousiennes se seraient imposées sans frayeur. « Et, à deux sets à zéro, Béziers aurait eu la tête sous l’eau » , commente le coach postier. Jusque-là, en deux sets, Béziers n’avait enregistré que deux contres et un service gagnant : l’ace d’Isabelle Haak pour solder la 2e manche (26-28). La suite fut tout autre et multiplié par cinq à l’actif biterrois.

Et pourtant, le 3e set allait encore offrir une belle occasion à l’ASPTTM quand, à 21-21, Daly Santana héritait d’un retour direct et envoyait le ballon à deux mains dans le filet. Un vrai « penalty » que la Portoricaine est capable de marquer 99 fois sur 100. Sauf que là, c’était le jour « sans ». Ce point et l’ace de Pauline Martin qui s’en suivait correspondaient aux deux points d’écart constatés à l’arrivée du 3e set (23-25).

Quant à la dernière manche, marquée par trois réactions locales (de 10-13 à 12-13, puis de 14-19 à 20-21 et encore de 19-22 à 21-22), chacun de ces sursauts d’orgueil a donné suite à une faute directe. Béziers ne s’est pas fait prier pour profiter de ces cadeaux.

Les gros moyens cannois ont privé l’ASPTTM du moindre trophée pendant près de 20 ans. Mardi soir, c’est Isabelle Haak, avec 30 points en attaque sur les 51 enregistrés par Béziers, qui a condamné les Mulhousiennes. Pas sûr qu’elle reste longtemps dans l’Hérault et que Béziers hante les nuits des Mulhousiennes dans le temps…

Mais, en attendant, Mulhouse se contente encore des miettes en espérant s’inviter au festin en championnat. « On ne peut pas revenir sur le passé… Mais il faut qu’on apprenne de ce match », conclut Magali Magail.

 

Article signé Christian Entz