L'Alsace du 18/09/13 : Magali Magail sous influence italo-germanique

Publié le
Un sport, une ville, un territoire

L'Alsace du 18/09/13 : Magali Magail sous influence italo-germanique

Emmenée par l’Italien Giovanni Guidetti, l’équipe d’Allemagne a atteint la finale de l’Euro, samedi dernier, à Berlin. Magali Magail, le coach de l’ASPTTM, a goûté aux débuts de cette folle aventure.

En juillet 2006, Giovanni Guidetti (41 ans vendredi prochain) n’a pas encore l’exceptionnelle carte de visite du moment et Magali Magail (35 ans) vient tout juste de boucler sa première saison en tant que coach chez les pros. Pour valider son diplôme d’entraîneur, cette dernière doit effectuer un stage à l’étranger. Elle sollicite alors Guidetti et l’équipe d’Allemagne sans se douter qu’elle sera le témoin privilégié du début d’une aventure extraordinaire.

En 2006, quand Giovanni Guidetti répond à l’offre allemande, son palmarès se limite à quelques places d’honneur dans le championnat italien avec Spezzano, Vicenza, Reggio Emilia, Modena, une Top team Cup avec Chieri (en 2005) et une pige à la tête de la sélection nationale bulgare (2003-2004). Aujourd’hui, il peut se vanter d’avoir bâti une équipe allemande (finaliste de l’Euro en 2011 et 2013), digne de son ancêtre de l’Est (la RDA), après avoir tout gagné en 2013, exception faite de cette dernière finale continentale concédée (3-1) face aux championnes du monde russes. Il a ainsi gagné cette année la Ligue des champions, la Coupe et le championnat de Turquie avec le Vakifbank Istanbul ainsi que la Ligue européenne avec la sélection allemande.

« Cette équipe d’Allemagne c’est ma Playstation… Je me suis beaucoup amusé avec elle ! »

« J’aime sa façon d’être, de gérer un groupe, de manager, raconte Magali Magail, le coach de l’ASPTT Mulhouse. Je l’ai rencontré pour la première fois lors d’un regroupement avec l’équipe de France. C’est là que je l’ai sollicité. Il a accepté et j’ai passé onze jours à ses côtés, à Göttingen, du 5 au 16 juillet 2006. À cette époque, rien ne laissait deviner qu’il amènerait son équipe en finale des championnats d’Europe. Fürst – Christiane, sacrée meilleure contreuse de l’Euro -, Brinker, Kozuch n’étaient encore rien du tout. Il m’a impressionnée par sa rigueur et sa méthode. Il arrivait à imposer l’exigence et le respect, tout en préservant le climat de jeu. »

Cette dernière notion a très certainement prévalu dans cette aventure humaine et sportive quand Guidetti a avoué : « Cette équipe d’Allemagne, c’est ma Playstation. Je me suis beaucoup amusé avec elle ! »

« À la base de ce succès, je pense que le fait que les joueuses allemandes soient allées jouer à l’étranger a beaucoup contribué à la performance, poursuit Magali Magail. Ensuite, il y a cette culture italienne que Guidetti a su partager. Il est arrivé à convaincre ses joueuses qu’elles étaient capables de se hisser à pareil niveau. Je me souviens que lors de ce stage il m’avait fait part de sa surprise en découvrant que la joueuse allemande n’éprouvait pas une fierté particulière à porter le maillot de l’équipe nationale alors qu’en Italie, cela représentait un aboutissement. En revanche, à l’inverse de la joueuse italienne, l’Allemande ne rechignait pas au travail. Or, quand je vois de quelle façon les Allemandes s’investissent aujourd’hui pour leur sélection, je ne peux être qu’admirative. Guidetti a apporté beaucoup sur le plan technique mais il a aussi changé les mentalités ».

La recette inspire le coach postier, dont le premier souci reste cependant de faire prendre la sauce avec un six de base dont le profil a changé de moitié.

Article signé Christian Entz