L’ALSACE DU 04/03/2019 : La victoire en pleurant

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L’ALSACE DU 04/03/2019 : La victoire en pleurant

Les Mulhousiennes ont remporté la petite finale de la Coupe de France qui les a opposées à Paris Saint-Cloud hier après-midi au Palais des sports (3-0). Mais elles n’ont pas vraiment savouré leur succès.

Elles ont eu le triomphe modeste. Pas de danses. Pas de cris. Pas d’embrassades. Juste quelques sourires. Discrets, et un peu tristes. Des larmes aussi, que certaines n’ont pas pu retenir alors qu’elles étaient encore sur le terrain, debout, sous les acclamations d’un public nettement plus démonstratif qu’elles. Les joueuses de l’ASPTT Mulhouse ont remporté la petite finale de la Coupe de France, hier après-midi au Palais des sports face à Paris Saint-Cloud (3-0), mais le cœur n’y était pas.

Ce week-end, elles n’avaient qu’un rêve : rafler la première Coupe de France de l’histoire du club. Dans leur salle. Devant leurs supporters. Elles qui dominent la Ligue A féminine partaient, par la force des choses, avec la faveur des pronostics. Mais elles ont échoué, battues samedi en demi-finale par des Nantaises dont elles se méfiaient pourtant terriblement (1-3). Sans doute parce que la pression était trop forte et les émotions trop nombreuses à gérer.

« J’étais effondrée »

Hier après-midi, les Mulhousiennes avaient du mal à savourer le moment malgré la perspective d’accrocher une médaille de bronze à leur cou un peu plus tard dans la soirée. « Nous avons voulu montrer que ce n’est pas parce que nous avons perdu face à Nantes que nous ne sommes plus de bonnes joueuses. Mais pourquoi n’avons-nous pas réussi aujourd’hui (dimanche) ce que nous avons réussi hier (samedi)  ? » , se demandait la passeuse Athina Papafotiou, agacée. « Cette victoire n’a pas le goût d’une victoire » , lâchait de son côté la centrale Ciara Michel en cherchant soigneusement ses mots. « J’ai du mal à décrire ce que je ressens. Samedi soir, j’étais déçue, en colère, frustrée. J’ai puisé l’énergie pour retourner au combat au fond de moi. Je suis fière que nous ayons toutes réagi. Mais je reste malgré tout… désappointée. »

Comme elle, Léandra Olinga-Andela a aussi trouvé les ressources nécessaires pour offrir une prestation de qualité face à Paris Saint-Cloud. Mais que ce fut dur. « Après la défaite face à Nantes, j’étais effondrée. J’ai très mal dormi. Je n’avais qu’une idée en tête : montrer notre meilleur visage ce dimanche. Alors j’ai essayé de sourire et de mettre de l’énergie dans le jeu. Mais là, j’ai surtout de la peine » , reconnaissait la jeune centrale avant de rejoindre les vestiaires.

À côté, Léa Soldner était sur la même longueur d’onde. « Nous devions faire preuve de professionnalisme, respecter Paris Saint-Cloud et réaliser un match de qualité. C’est ce que nous avons fait. Mais je ne ressens aucun plaisir, aucune satisfaction. Nous étions venues pour disputer la finale, pas la petite finale » , résumait la libéro d’une voix posée en effectuant quelques étirements dans la salle annexe.

Hier, les Alsaciennes ont fait fi de leurs sentiments et fait le nécessaire pour sauver l’honneur face à une équipe parisienne combative, démonstrative, enthousiaste, généreuse… mais amoindrie par les absences de la centrale Isaline Sager-Weider et de sa remplaçante Angie Bland. Libérées du poids des attentes qui avaient pesé sur elles samedi soir, les joueuses locales ont retrouvé le niveau de jeu qui est le leur depuis le début de la saison et ont en toute logique dominé leurs adversaires de la tête et des épaules, menant du premier au dernier échange des trois sets.

« J’ai les boules »

« Avant ce match, j’ai rappelé aux filles tout ce que nous avons déjà vécu, toutes les difficultés que nous avons déjà traversées. Cette fois, nous avons joué comme nous savons le faire, en nous appuyant sur nos valeurs habituelles. Ça n’en est que plus frustrant » , confiait Magali Magail, l’entraîneur, qui n’était pas la moins émue de l’équipe. « J’ai les boules » , reconnaissait-elle en toute franchise quelques minutes après la rencontre.

« Nous gagnons ensemble, nous perdons ensemble, nous nous relevons ensemble et nous apprenons de nos erreurs ensemble » , ajoutait-elle cependant très vite, déjà tournée vers l’avenir. « Face à Nantes, nous avons été submergées par nos émotions. Nous devons impérativement apprendre à les gérer d’ici les play-offs. Parce que nous comptons bien aller jusqu’au bout en championnat. »

Les Mulhousiennes ont laissé filer leur premier objectif de la saison. Elles ne voudront pas rater le second.

Article signé Sandrine Pays