L’ALSACE DU 22/12/2016 : Quelque chose a changé

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Un sport, une ville, un territoire

L'ALSACE DU 22/12/2016 : Quelque chose a changé

Victorieuses de Cannes pour la deuxième fois en trois semaines, mardi soir au Palais des sports, les volleyeuses mulhousiennes accèdent aux demi-finales de la Coupe de France avec la conviction profonde qu’elles peuvent aller au bout, pour la première fois de leur histoire.

Il y a des images qui ne trompent pas. Comme cette ovation offerte par le bouillant public du Palais des sports, pour saluer l’exploit de ses protégées. Comme la sortie hâtive des Cannoises, battues pour la deuxième fois de suite par des postières déchaînées. Comme, surtout, le bonheur dégagé par la formation de Magali Magail, lorsqu’elle s’offre le bain de foule qui solde, désormais, chacune de ses rencontres… Quelque chose a changé dans le paysage du volley féminin à Mulhouse.

La fin d’une époque

Pendant vingt ans, on a eu droit à des bras de fer somptueux entre Mulhouse et Cannes. Pendant vingt ans, l’ASPTT Mulhouse résistait et finissait par craquer face à un adversaire dont le déchet était marginal. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

Cannes reste une grosse cylindrée en France. Mais les Bursac, Savenchuk, Kodola et autres Kloster, n’ont plus de Ravva, de Centoni, de Nikolic ou autres Glinka pour se rassurer. Laurent Tillie, coach et artisan de la réussite de l’équipe de France masculine avant d’être l’entraîneur de Cannes, est le premier à le constater : « On n’a pas assez d’explosivité, il y a trop d’hésitations et ça devient n’importe quoi… On a l’occasion de revenir dans le match (Ndlr : en menant 6-9 dans le 4e set). On a quatre grosses possibilités de marquer le point et on ne le fait pas… Et ça nous coûte le match ! »

La fierté de porter le maillot postier

Dans le temps, pareil cadeau cannois, même à Noël, n’avait pas cours. Et à Mulhouse, il n’y avait pas de Daly Santana ! Avec 24 points à son actif (19/42 en attaque, 3 blocks et 2 aces), l’internationale portoricaine a été une fois de plus le détonateur d’une formation mulhousienne qui a su se mettre au diapason de son chef d’orchestre. Mais il est tout aussi évident que sans les défenses de Léa Soldner, sans la distribution d’Athina Papafotiou, sans le rayonnement de Maëva Orlé, Alina Albu et Olga Trach, sans l’omniprésence de Bojana Markovic, Daly Santana n’existerait pas ! C’est ce qui fait la force du groupe mulhousien, dont la fierté de porter le maillot postier dépasse largement les limites du Palais de sports. Preuve s’il en fallait, la tenue de sortie portée par Athina Papafotiou, Angie Bland et Daly Santana, vêtues de leur maillot dans la taverne voisine du Palais, le Shamrock, après le match. Tout simplement fières de leurs couleurs qu’elles défendent avec courage. Ce courage a également animé Maëva Orlé, victime d’une entorse de la cheville une semaine plus tôt face aux Belges de Beveren, et qui a été meilleure qu’à l’occasion de certaines soirées sans entorse.

« Les sensations étaient un peu compliquées, a confié l’internationale française. Je n’ai vraiment repris l’entraînement que la veille et sans être à 100 %. Mais je suis très contente de la façon dont ça s’est passé. Même si nous aurions pu plier le match un peu plus tôt, en trois sets ! » Avec sept contres gagnants, Maëva Orlé a pesé dans un registre que l’ASPTTM a largement dominé face à Cannes (18 à 11).

Le souhait : une demie à la maison

En d’autres temps, à ce stade de la compétition, le souhait des dirigeants était d’éviter les gros morceaux – et notamment Cannes – pour le simple plaisir de goûter à la saveur d’une finale. Aujourd’hui, Magali Magail en tête, les Alsaciennes ne se souhaitent rien de moins que le leader. « Mais à la maison ! », précise le coach.

Le raisonnement est logique. Dans l’optique du « On va au bout », il sera moins compliqué de jouer Béziers à domicile que sur un terrain neutre en finale. Ce nouvel état d’esprit, que la victoire face à Cannes a renforcé, est très certainement ce qui pouvait arriver de mieux à une ASPTT Mulhouse qui se doit d’effacer deux saisons inachevées.

 

Article signé Christian Entz