L’alsace Du 26/01/2019 : un passeport pour la victoire ?

Elle a tout fait pour faire bonne figure, mais ceux qui la connaissent un peu ont tout de suite compris qu’elle était paniquée à l’idée de ne pas retrouver son passeport. Elle a pourtant cherché partout, dans son appartement, dans sa voiture, mais elle a dû se rendre à l’évidence : pas moyen de remettre la main dessus et impossible, dans ce cas, d’accompagner ses coéquipières de l’ASPTT à Nyíregyháza, en Hongrie, où les Mulhousiennes disputaient mercredi soir les 8es  de finale retour de la Coupe de la CEV face à l’équipe locale. Hayley Spelman les a regardées monter dans l’avion avant de rentrer chez elle, les larmes aux yeux, le cœur lourd.

« Je suis fière d’elles »

« J’ai dû le perdre vendredi dernier dans le train qui nous emmenait à Paris. J’ai tendance à être tête en l’air – et je l’étais davantage encore lorsque j’étais plus jeune – mais je fais le maximum pour corriger le tir… » , lâchait la pointue américaine, qui a tout de suite présenté ses excuses à l’équipe, au staff et aux dirigeants. « Sur le coup, je ne pouvais malheureusement rien faire de plus… »

La jeune femme de 27 ans n’est pas restée inactive, loin de là, pendant que ses copines décrochaient leur qualification pour les quarts de finale de l’épreuve européenne, victoire en prime. Après avoir effectué un certain nombre de démarches sur internet, elle s’est offert un aller-retour express à Paris, direction l’ambassade des États-Unis, afin d’obtenir un passeport temporaire d’urgence. « Tout s’est très bien passé, beaucoup plus vite que ce à quoi je m’attendais » , précise-t-elle, soulagée de la tournure prise par les événements.

La native de Las Vegas est la première ravie de la réussite de ses coéquipières en Hongrie. Elle était d’ailleurs présente au Palais des sports jeudi après-midi pour les accueillir et les féliciter dès leur arrivée à Mulhouse. « Je suis fière d’elles : elles se sont bien battues et ont atteint leur objectif, j’en suis très contente, même si je n’étais pas de la partie ! »

Peut-être parce qu’elle estime avoir quelque chose à se faire pardonner, Hayley Spelman est fermement décidée à mettre les bouchées doubles ce soir (20 h) à Saint-Raphaël dans le cadre de la 13e journée de Ligue A féminine face à un adversaire pointant à la sixième place du classement avec six victoires et six défaites. « Après ce qui vient de se passer, je suis encore plus motivée que d’habitude. J’ai hâte d’y être : je vais tout donner et j’espère que nous allons rester dans la dynamique positive qui est la nôtre. »

« Je me sens à l’aise »

Celle qui a laissé tomber le tennis pour le volley à l’âge de 13 ans sur les conseils de sa mère ne devrait a priori pas avoir trop de mal à tenir parole alors qu’elle semble avoir franchi un cap ces dernières semaines. « J’ai effectivement l’impression de progresser. Je me sens à l’aise ici. J’apprends beaucoup, tous les jours, lors des entraînements et des matches » , reconnaît la joueuse, à l’ASPTT pour la seconde saison consécutive.

L’Alsacienne d’adoption, connue et reconnue pour son professionnalisme, a par ailleurs fait des progrès remarquables dans un tout autre domaine : elle parle de mieux en mieux français. « Je ne prends pas de cours, mais je fais attention à ce que j’entends et j’essaye de m’exprimer dans cette langue dès que j’en ai l’occasion » , sourit-elle avant de confier : « D’une façon générale, je cherche toujours de faire de mon mieux, dans le sport comme dans la vie de tous les jours. »

Pas de doute : Hayley Spelman fera aussi de son mieux dans le Var.

Article signé Sandrine PAYS