L'Alsace du 10/12/13 : Vingt ans après, l’ASPTTM retrouve le Luxembourg

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L'Alsace du 10/12/13 : Vingt ans après, l’ASPTTM retrouve le Luxembourg

L’ASPTT Mulhouse disputera, demain à 19 h au Palais des sports, les 16es de finale aller de la Challenge Cup européenne face au RSR Walfer. Vingt ans après son premier match de Coupe d’Europe, le club postier retrouve les Luxembourgeoises de ses débuts continentaux.

À l’époque, elles étaient toutes célibataires, étudiantes ou lycéennes pour la plupart. Aujourd’hui, à une ou deux exceptions près, elles ont des enfants et n’enfilent plus de genouillères. Vingt années ont passé depuis ce 6 novembre 1993 marqué par un baptême en Coupe d’Europe face au CS Bertrange. Et à part Brigitte Lesage, aucune n’a oublié cette entame.

Brigitte Lesage, justement, était déjà une exception à l’époque. Victorieuse de la Coupe d’Europe des clubs champions avec Ravenne en 1988, quatre fois finalistes (86, 87, 88 et 89), la meilleure joueuse française des années 80 était revenue au club de ses débuts, alors présidé par son père Bernard, pour finir sa prestigieuse carrière. « Pour être tout à fait honnête, ce match contre le Luxembourg je ne m’en souviens pas, confie Brigitte Lesage, qui tient une maison d’hôte, le Domaine du Buc, à Marssac-sur-Tarn. En venant à Mulhouse, je remettais les pieds sur terre après mes aventures italiennes. À cause de ma blessure à l’œil, je ne pensais plus avoir le plaisir de rejouer une coupe d’Europe. Mon souvenir est essentiellement là ! »

« C’était un rêve pour nous toutes qui avions grandi ensemble »

À l’inverse, les autres s’en souviennent comme si c’était hier. « C’est un match auquel je pense très souvent, raconte Sophie Voegtlin, la jeune passeuse de l’époque qui gère aujourd’hui l’institut Body-Coach à Rixheim. Jouer une coupe d’Europe, c’était un rêve pour nous toutes qui avions grandi ensemble. Face au Luxembourg, ce n’était pas le meilleur match mais c’était le premier ! ».

Dans un gymnase Montaigne comble, où quelque 700 personnes s’étaient entassées, l’ASPTT Mulhouse avait mis moins d’une heure pour se débarrasser du CS Bertrange, champion du Luxembourg (15-4, 15-0, 15-5). La seule à se souvenir du 15-0 est Laure Koenig, qui fréquentait encore le lycée. « Ouh la la… Le Luxembourg, ça fait loin, lâche celle qui allait gagner la Coupe d’Europe par la suite sous les couleurs cannoises en 2002 et 2003, avant de s’installer définitivement sur les bords de la Méditerranée. C’est un bon souvenir parce que c’était le premier match de Coupe d’Europe mais ce n’est pas la victoire qui a suscité la plus belle émotion. Je me souviens d’un 15-0 qui ne reflétait pas vraiment l’idée exacte qu’on se faisait de la Coupe d’Europe. Mais ce match nous avait mis en confiance pour la suite ».

« Le Luxembourg, c’était des petites souris ! »

« Ça remonte à vieux, avoue Marie Goepfert, la prof de sport. La Coupe d’Europe c’est quelque chose de prestigieux. C’est beau, c’est grand… Mais, le Luxembourg, ce n’est pas forcément le match qui m’a laissé le meilleur souvenir de la Coupe d’Europe. Peut-être, parce que la Coupe d’Europe ; c’est aussi un voyage… Un voyage pour lequel on prend l’avion ! Et là, en l’occurrence, on a pris le bus ! »

Demain, le RSR Walfer sera emmené par une passeuse polonaise, Aleksandra Ondelj, et une attaquante allemande, Nora Kalich. Mais le champion du Luxembourg 1993 ne comptait aucune joueuse extérieure au Grand-Duché.

Vétérinaire à Steinbrunn-le-Haut, Andrea Luge, l’une des trois étrangères de l’ASPTT Mulhouse en 1993 avec l’Américaine Sue Harbourg et la Canadienne Griselde Delahaye, se souvient de Bertrange « comme le début d’une belle série. Quand on te dit que tu joues la Coupe d’Europe, tu t’attends à rencontrer une grosse équipe. Là, le Luxembourg, c’était des petites souris… Mais plus on allait avancer dans cette Coupe d’Europe et plus c’est nous qui devenions les petites souris. En quart de finale, quand on a joué les Ukrainiennes de Lugansk, elles ont dû penser la même chose de nous que quand nous étions face aux Luxembourgeoises ! »

Coach de cette équipe, Brigitte Trouillet soulève un paradoxe en pensant à ce match des débuts. « Le souvenir que j’en ai, c’est un score sans appel qui ne correspondait pas à l’idée qu’on se faisait de la Coupe d’Europe , raconte celle qui enseigne toujours en Fac à Strasbourg. Mais c’était notre premier contact avec la Coupe d’Europe. Je me souviens d’une grande excitation qui avait animé le groupe et du début d’une belle aventure ».

Demain, le RSR Walfer restera un digne ambassadeur du Luxembourg. Et l’excitation des Mulhousiennes, pour aborder ce rendez-vous européen, sera encore à la hauteur de celle de leurs illustres aînées.

Article signé Christian Entz